L’effet corner
Lorsque des acteurs du marché parient à la baisse sur un titre du marché français, ils peuvent vendre ce titre à découvert au SRD (service de règlement différé) si ce titre y est éligible. Ceci leur permet de vendre des actions qu’ils n’ont pas encore, sans transfert d’argent.
Puis le jour de la liquidation (5ème jour ouvré avant le dernier jour du mois civil, pour le calendrier des liquidations c’est ici), ils doivent décider :
- de racheter les titres et donc encaisser (si le cours a baissé) ou payer (si le cours a monté) la différence
- ou de différer la livraison au mois suivant
Si avant le jour de la liquidation, le titre a monté, l’investisseur qui a vendu à découvert au SRD peut donc choisir de payer la moins-value réalisée ou de différer la livraison et espérer que le titre baisse d’ici le mois suivant, auquel cas il devra payer des frais supplémentaires à son broker. Si un grand nombre d’investisseurs se retrouve dans ce cas à l’approche de la liquidation et si une partie de ceux-ci choisissent de racheter leur position, le titre peut se mettre à monter et déclencher un « effet de panique » chez les autres qui peuvent décider de racheter eux aussi leur position entraînant une réaction en chaîne poussant le titre à la hausse. Cet effet de panique peut être d’autant plus important que la liquidité sur le titre est petite et que le capital flottant1 ne représente qu’une faible part de la capitalisation totale.
Le cas Hermes International
Sur Hermes International, la journée du 25 octobre, jour de la liquidation du mois d’octobre, le titre a flambé et pris +15.1%. Ce phénomène, associé à un flottant particulièrement faible sur le titre (les familles actionnaires et LVMH détenant près de 85% des actions), laisse penser qu’un effet corner a bien eu lieu, et le dégonflement du cours dans les jours qui suivent tend à le confirmer…
1 Le flottant est la part de la capitalisation d’une société pouvant réellement s’échanger sur les marchés boursiers