L’offshore n’est pas, un lieu de forage sous-marin, ni une optimisation fiscale, mais juste la délocalisation d’activités vers un pays distant de la France. Il est généralement admis que l’offshore concerne les délocalisations vers les pays à faible coûts de main d’œuvre. Ainsi, l’offshore vers des pays à coûts identiques ou supérieurs, qui fournissent de meilleures prestations, n’est, en général, pas comprise dans la problématique des délocalisations. La politique de délocalisation peut s’effectuer sous la forme d’une externalisation des activités vers un partenaire local, ou avec la création d’une succursale distante. Mais il ne faut pas confondre la problématique de l’externalisation avec celle de la délocalisation, car même si elles peuvent être liées et cumulées, elles sont indépendantes, et chacune peut être appliquée sans l’autre. Ainsi, l’externalisation n’est que l’évolution des Directions des Systèmes d’Informations vers un métier d’acheteur plutôt que de gestionnaire de ressources internes.
Il existe plusieurs degrés de l’offshore, en fonction de la distance géographique avec la France. Avec l’offshore, les pays qui hébergent les services sont très éloignés de la France, comme peuvent l’être la Chine ou l’Inde. Quand les délocalisations concernent des pays plus proches, comme ceux d’Europe de l’Est, ou du Maghreb on parle alors de Nearshore, qui est parfois également utilisé pour les délocalisations vers des régions françaises moins chères. L’onshore consiste à employer le personnel étranger au sein des établissements français, à des conditions qui sont proches de celles du pays d’origine. En France, l’offshore informatique est principalement concerné par la délocalisation des prestations en Inde, parfois associée à des externalisations des services. A long terme, l’offshore peut représenter 10% à 15% des services liés aux technologies de l’information.
Au travers de l’exemple de La Société Générale Global Services Center (SG GSC) qui existe depuis l’an 2000, l’offshore des services prend tout son sens. SG GSC propose des services de recherche et développement logiciel, de gestion de projets et d’assistance technique. L’objectif est de créer à Bangalore un centre de connaissance IT pour l’ensemble de la Société Générale, en y incluant les meilleures pratiques utilisées dans le monde de la banque.
Pourquoi les entreprises délocalisent-elles ?
Les principales raisons qui poussent les entreprises à délocaliser sont : la réduction des coûts, l’obtention de compétences indisponibles, une amélioration de la qualité des prestations et l’occasion d’implémenter des normes de conformités. En Inde, plus de compétences, que ce soit en variété ou en quantité, sont disponibles pour un coût inférieur à celui nécessaire en France. Ceci permet d’atteindre des objectifs de qualité, de charge de travail et d’organisation sans augmenter les dépenses, et permet de libérer des ressources en France pour des activités à plus forte valeur ajoutée.
Quelles sont les difficultés rencontrées par les équipes ?
Les principales craintes liées aux délocalisations sont le risque de la dégradation de la qualité de service, la difficulté du pilotage d’une activité dispersée, le respect des exigences réglementaires, la publicité négative induite par la suppression de certains postes en interne, la sécurité des données. Ces différentes craintes découlent des expériences négatives que certains ont vécues lors de tentatives de délocalisations ratées. Ainsi, ces tentatives échouées peuvent être les conséquences de mauvaises pratiques ou de difficultés qui ont mal été appréhendées. Par exemple, la barrière de la langue est plus difficile à gérer qu’il n’y parait. L’anglais est bien entendu maîtrisé par les équipes françaises et indiennes, mais une conversation téléphonique grésillant entre les deux équipes peut s’avérer compliquée. Les différences culturelles ne sont pas négligeables, car pour les indiens, la frontière entre la vie privée et la vie professionnelle est bien différente de celle présente en France. Les indiens ont une tendance à toujours répondre positivement à une question, pour ne pas frustrer leurs interlocuteurs, ou juste pour indiquer qu’ils ont bien compris la question. La communication est plus compliquée à distance, ce qui demande plus de formalisation et de structuration qu’au sein d’une équipe située uniquement en France. Ces besoins de formalisation demandent beaucoup de travail du coté Français, et représentent une charge de travail que les personnes ne sont pas habituées à avoir. De plus, les différents moyens de transport et de communication, ainsi que le surcoût engendré par la gestion de projet et les cadres expatriés, augmentent les dépenses au delà des simples salaires des ingénieurs indiens. Par ailleurs, il faut prendre le temps d’assurer un suivi suffisant pour vérifier la qualité fournie des services.
Il faut également bien considérer les effectifs distants comme faisant partie à part entière de l’équipe. Ainsi, 20% des projets d’offshore n’aboutissent pas, à cause d’un manque de suivi ou de qualité dans le processus de migration des activités
Quel est le bilan économique et humain de l’Offshore ?
La spécialisation des pays offshore est inévitable et la culture de la complémentarité plutôt que de la différence entre les pays est bénéfique pour tous. Ainsi, les compétences d’analyse et de conception, et celles qui sont proches du cœur de métier du client, et qui demandent des compétences dans ce domaine, gagnent à être effectuées en France, même si cela demande un surcoût par rapport à des ingénieurs indiens. Par contre les compétences à plus faible valeur ajoutée peuvent être délocalisées et sont associées par certains à des activités moins intéressantes. Les compétences qui sont développées en France sont celles de gestion de projet, d’expertise métier ou de qualité fournie au client, ce qui permet des emplois plus variés pour ceux qui conservent leur emploi. Ainsi, les sommes économisées retournent aux autres salariés qui montent en compétences ou en responsabilités.
Existe-t-il des alternatives à l’Offshore ?
Se mettre à l’écart de la délocalisation est le risque de laisser les sociétés de services informatiques indiennes remporter les contrats de prestations des clients français. Souvent beaucoup plus structurées que les sociétés européennes, avec des certifications, les SSII indiennes sont en passe de devenir des multinationales de premier plan. Cependant, les délocalisations ne sont pas l’unique solution pour baisser les coûts. La réduction de la sous-traitance et une intégration forte des équipes, ainsi la mutualisation des ressources permettent d’obtenir un levier d’économies importantes.
Comment se positionner face à l’Offshore ?
Pour pouvoir rester compétitif et converser les seuls postes à valeur ajoutée qu’il restera, il est utile de rester à l’écoute des besoins des clients, pour développer les compétences qui leur sont utiles sur place. Par ailleurs, une remise en cause permanente et une évolution de ses compétences est nécessaire pour rester compétitifs et prendre de l’avance sur la concurrence. L’offshore permet de participer à la construction des pays en voie de développements en leur apportant un savoir-faire et en gagnant des marchés économiques importants. Les entreprises des pays développés se doivent, quant à elles, d’investir dans l’innovation et la recherche et développements afin de rester leader et de continuer leur rôle de moteur de l’économie mondiale.